ÉCLIPSE TOTALE DE SOLEIL :
QUELQUES PISTES ( ET PRÉCAUTIONS )

POUR LES PHOTOS.

AVERTISSEMENT
La brûlure de la rétine étant indolore et
IRRÉVERSIBLE,
le danger est réel lors de l'observation des phases partielles.

NE  REGARDEZ JAMAIS L'ECLIPSE A TRAVERS DES DIAPOS VOILÉES !
Comme il n'y a pas d'argent dedans, les infrarouges et U.V. ne seront pas filtrés.
Les CD, disques magnétiques, verres fumés sont aussi dangereux...

Vus les risques encourus, je ne peux que recommander le port de protections
conformes à la norme CE

Par contre, on peut (et on doit !) regarder la phase de totalité sans protection.

Ces conseils sont évidemment valables pour le matériel, il est proscrit de photographier les phases partielles sans au moins un filtrage ND 4 ou 5, ou un verre de soudeur (Gr.14), ou un bout de mylar devant l'objectif.
Pareil pour les APN et camescopes, sinon CCD sera synonyme de Cramé, Cuit, Détruit.

CE QUI ARRIVE SI ON NE FAIT PAS ATTENTION...

OÙ TROUVER DES MOYENS DE PROTECTION...

OÙ TROUVER UN PEU DE BIBLIO...

COMMENT PHOTOGRAPHIER L'ÉCLIPSE ?
(avec la participation photographique d'Evelyne)

Photoeclips0.JPG (13065 octets)

En Préambule,  il est bon de savoir que le phénomène  de la totalité   étant très court, (un peu  plus de 2 minutes), il ne faut pas suite à une mauvaise préparation, "gâcher la fête".
En d'autres termes, ce serait dommage de ne regarder ce fabuleux phénomène qu'à travers le viseur de son appareil... Par expérience personnelle, je peux dire que le "temps subjectif" est dix fois plus court que le temps réel dans ce cas.
Il faut donc bien connaître son matos, être "prêt à faire feu", après avoir préparé ses prises de vues pendant la phase d'occultation.

Quoi voir ? Une éclipse de soleil totale étant l'occultation quasi-parfaite du soleil par la lune, on pourra donc observer la disparition progressive du disque solaire, grignoté par la lune jusqu'à cet instant fatidique de la totalité, où le soleil disparaît complètement pendant 2 minutes. Le spectacle est alors visible sans protection, et on pourra admirer dans la nuit la couronne solaire, accompagnée de Vénus au Sud-Est et de Mercure, au Sud.

Un petit schéma valant mieux qu'un grand discours, cliquez ICI

Pour ceux qui se prépareront un avant-plan pour les photos, au moment de la totalité le soleil sera assez haut dans le ciel, à environ 50 degrés d'élévation, et orienté vers le Sud-Est.


Où observer ? Sur une étroite bande axée sur Fécamp, Noyon, Vouziers, Wissembourg (pour la France). Plus de détails sont disponibles sur le site de F. Espenak (cf. liens). Le lieu exact de l'observation dépendra bien sûr de la météo, mais les probabilités de ciel dégagé (à peu près 30%) sont meilleures pour l'Est de la France. Je ne m'apesantis pas plus, de nombreuses infos seront bientôt diffusées partout...

Comment photographier ? La photographie de ce phénomène peut prendre de multiples aspects. Tout dépend de ce qu'on veut capter. N'oublions pas que la cellule du boitier va déclarer forfait, il va falloir y aller "au pif pondéré". Des temps de pose sont disponibles dans les sites présentés dans la page LIENS, mais voici un principe général :
On ne pourra pas tout enregistrer sur une seule photo.

Principe Numéro 1 :  S'installer un peu à l'écart n'est pas une mauvaise solution, on évite ainsi les shoots sauvages dans le trépied, la fumée du stand de merguez du coin, et tout ce genre de désagréments, dont l'allumage automatique de l'éclairage public. La disparition de l'astre solaire n'est pas à proprement parler un moment calme... Y compris pour soi-même :-)

Principe Numéro 2 : 100 mm de focale donnent en gros un soleil de 1mm de diamètre sur le film. 300 mm donneront un soleil de 2,7 mm de diamètre sur le film.

Principe Numéro 3 : Nul besoin d'une pellicule très sensible, une 100 ISO suffit à pouvoir capter tous les détails.

Nota : Les utilisateurs de diapositives seront bien inspirés de faire au moins une photo "normale" en début de pellicule, histoire de permettre aux découpeuses automatiques de se caler... Sinon de mauvaises surprises sont à prévoir !

Il faudra aussi éviter des temps de pose incompatibles avec la rotation terrestre, (eh oui, 15 degrés par heure...) sous peine de bougé. Le tableau ci-dessous regroupe les deux premiers principes de base.

Focale
objectif
(mm)
Diamètre
sur film (mm)
Temps
maxi
(s)
28 0.25 30
50 0.45 10
100 0.9 4
200 1.8 3
300 2.7 1.5
500 4.5 1
1000 9.1 1/2
2000 18.2 1/8


Pour l'exposition : Prise de risque minimale !

Photoeclips1.JPG (10807 octets)

Pour éviter de me faire enguirlander par ceux qui auront loupé leurs photos, voici la méthode simple que j'utiliserai le jour venu, et que j'ai déjà pratiquée en Guadeloupe à la dernière éclipse. Plus sûr qu'une longue et aléatoire interprétation des différentes tables d'exposition disponibles sur le Web, voici donc le bracketting géant, applicable seulement  lors de la phase de la totalité uniquement :

  • Partir en manuel de la plus haute vitesse disponible du boitier (pas plus haut que le 1/4000 quand-même !), diaphragme à 11.

  • Descendre le diaph jusqu'à l'ouverture maximum de votre objectif (ou 5,6)

  • Descendre les vitesses jusqu'au temps maximal par rapport à la focale de l'objectif, en ayant soin de se garder quelques vues en réserve...

  • Revenir au 1/1000 à 5,6 (en gros) pour essayer de pièger ce qu'on peut appeller la "perle de diamant", ou "le solitaire", le premier éclat de soleil passant par un des creux de la lune, signant la fin de la totalité et le retour de la lumière...

photoeclips2.jpg (11078 octets)

 

LE DÉVELOPPEMENT ET LE TIRAGE DES PHOTOS...

Ceux qui auront fait leurs photos en négatif couleur vont commencer un véritable parcours du combattant. En effet, il y a de fortes chances que les tireuses automatiques des laboratoires refusent simplement de tirer une seule de vos photos d'éclipse, surtout si vous n'aviez qu'une focale de 300 mm à la prise de vue !

En effet, elles verront un film quasiment "noir", et jugeront que vous avez fait une colossale erreur d'exposition... J'ai vu mes négatifs de l'éclipse de Guadeloupe refusés ainsi par la tireuse de mon photographe. Verdict : "Film vierge". De même, mes derniers essais récents en fin de pellicule n'ont pas été tirés...

Pour vous éviter de tels désagréments, il faudra bien spécifier la nature des travaux sur la pochette. Le labo va râler un peu, car il faudra passer votre négatif en "manuel".
Sinon un bon photographe de quartier, équipé de son propre mini-lab, pourra s'occuper de votre pellicule, vous pourrez discuter directement avec l'opérateur du mini-lab. Ce sera certainement plus cher qu'en supermarché, mais normalement  la qualité sera au rendez-vous !

Ceux qui auront fait de la diapositive et qui auraient oublié de prendre une prise de vue "de calage" au début de la pellicule, tout n'est pas perdu pour autant : demandez un développement du film sans mise sous cache. Ce sera souvent plus cher, mais au moins vos souvenirs seront préservés.

Ceux qui auront fait du Noir & Blanc seront les plus heureux : ils s'occuperont de leurs films eux-même...


OÙ TROUVER DES MOYENS DE PROTECTION...

Ils doivent être agréés CE et conformes aux recommandations du 30 juin 1998 de l'Académie Nationale de Médecine. Ce qui suit n'est pas de la pub, bien sûr !

Une première protection, indispensable, c'est le chapeau et la crème solaire !!!

Une deuxième protection, c'est de jeter les lunettes aluminisées ayant servi il y a des années !

Et voici donc ma classification, du meilleur au moins bon, selon mon vécu (ça n'engage que moi, ce classement) :

 

 

CE QUI ARRIVE SI ON NE FAIT PAS ATTENTION...

Un entretien avec une ophtalmologiste, "piraté" pour la bonne cause dans la revue "Valeurs Mutualistes" de la MGEN

"Attention aux fausses sécurités !"

Béatrice Le Bail est ophtalmologiste au centre d'expertise médicale du personnel naviguant de l'hôpital Percy de Clamart, dans les Hauts-de-Seine.

Valeurs mutualistes : Pensez-vous que l'éclipse du 11 août représente une menace sérieuse de santé publique ?

Dr Le Bail : Absolument. A chaque éclipse, on observe des cas de brûlures oculaires. Le danger est donc bien réel. En plus, cette fois, tous les facteurs de gravité sont réunis : elle sera visible dans une zone très peuplée, aura lieu vers midi lorsque le soleil est à son zénith, en plein été, avec un ciel très clair.

V.M. : Les dommages oculaires peuvent-ils conduire à une cécité totale ?

Dr Le Bail : Non, car les rayonnements infrarouges brûlent uniquement la partie centrale de la rétine, la macula. Mais si certaines personnes fixent le soleil sans protection adéquate pendant trop longtemps, elles risquent de perdre jusqu'à 7/1Oème.

V.M. : La brûlure de la surface rétinienne peut entraîner des conséquences pathologiques importantes, lesquelles ?

Dr Le Bail : Les brûlures de la macula endommagent les cellules qui réceptionnent l'image. Au centre de chaque image, il y a une tache noire (scotome ou trou noir), l'acuité visuelle baisse fortement et les images sont déformées. Et ce peut être définitif ! Surtout que l'on ne sait pas encore traiter ces brûlures. (Suite...)

 

 

V.M. : Certaines personnes doivent-elles absolument éviter d'observer l'éclipse ?

Dr Le Bail : Oui, mais généralement elles le savent. Les personnes qui ont des dégénérescences rétiniennes et des maladies oculaires sont particulièrement sensibilisées à ce genre de danger. Les personnes à risques sont celles qui ne savent pas qu'elles sont fragiles. En premier lieu, les enfants qui ont un cristallin très clair. Ce n'est qu'à partir de l'adolescence que le cristallin s'opacifie et assure son rôle de photo-protection. Il faut protéger particulièrement les enfants de trois à quatre ans en fixant les lunettes avec un cordon et les nourrissons en les plaçant dos au soleil. Les personnes atteintes de cataracte quant à elles ont un filtre naturel protecteur mais une fois opérées, elles ne sont plus protégées.

V.M. : Quelles sont donc les précautions à prendre pour observer l'éclipse sans risque ?

Dr Le Bail : II faut faire attention aux fausses sécurités : fabrication de sa propre protection, lunettes teintées, de montagne ou solaires. Elles ne protègent pas des rayonnements invisibles. Au contraire, le spectateur étant moins ébloui, la pupille se dilate et reçoit plus d'infrarouges. J'insiste sur la prévention et sur le port de lunettes certifiées par l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) car il n'y a pas d'avertissement en cas de brûlure de la macula. Très souvent, on ne sent rien alors que les dommages sont irréversibles.

Propos recueillis par Djamel Bentaleb.

Tiré de la revue " Valeurs Mutualistes "  MGEN – N° 198 de JUIN 1999

 

 

DU CÔTÉ DU PAPIER...


Pas mal de livres et revues sont déjà parus à ce sujet, la liste peut être un peu vieillissante maintenant, mais on doit pouvoir les trouver encore :

Parmis ceux que j'ai lu :

Dans ce que je n'ai pas lu, voici (liste non exhaustive) :

 

Voili-voilou, en espérant que ces quelques infos vous auront été utiles, passez une bonne éclipse !