Notes de voyage (page 9)

Expédition en Libye pour l'éclipse solaire totale.
 

26 mars, 23h03.
Pas loin du volcan Namous (j'ai oublié de relever la position, en gros c'est là) :  Télécharger le fichier KMZ

Le vent souffle fort à cette heure et le sable cingle la toile de tente, qui est posée sur un sol fort mou… 

Je viens d’affermir les fixations avec de grosses pierres, mais je reste un peu inquiet. En plus, ma tente est montée dans le mauvais sens, car le vent a tourné de 180 degrés dans la soirée… Trop tard pour changer maintenant ! 

J’aurais mieux dû lire le sable, tout y était indiqué. Enfin...

Départ de Timsah vers 9 heures ce matin, j’ai pris un peu de sable pour voir si c’est celui-ci que je ramènerai en France, car normalement on va y repasser au retour. Début de route agréable sur une mer de sable, lisse et juste troublée par quelques traces de chacals et parfois de chameaux. Quelques ondulations annoncent la fin du confort, c’est toujours aussi difficile de juger des distances ! On ne voit rien, et Christian me montre alors qu'en regardant sur les côté plutôt que devant, on peut mieux juger du relief qu'on a devant soi… Mais le sable prend fin, hélas, et on s’arrête alors pour regonfler les pneus des véhicules grâce au compresseur du Toy de Christian. 

Regonflage

Suit ensuite une piste un peu dure, Christian prévient que la journée sera rude. En effet, ça tabasse fort. Tôle ondulée, cailloux, trous, etc font qu’on ne va pas bien vite. 50 à l’heure, en gros. On passe un poste militaire, où 4 types aux « uniformes » dépareillés mais aux AK-47 à l’épaule nous contrôlent et nous font passer. Le poste de contrôle ? Trois cahutes effroyables de dénuement dans un paysage où nul brin d'herbe ne pousse. Enfin, on passe. Sur les côtés de la piste, toujours des pneus, certains avec des jantes. Des roues de porte-char, dit Christian… Vestiges du conflit avec le Tchad.

Convoi

La piste « officielle » est tellement mauvaise qu’on prend souvent des pistes annexes, qui ne sont en fait que des pistes parallèles globalement un peu meilleures, mais sans plus. 

Autre contrôle. Où on nous indique que la ferme où nous devons nous arrêter pour manger et faire le plein de flotte, nous serait interdite pour cause d’un n-ième règlement « spécial éclipse ». Une piste soigneusement balisée de gros pneus a même été tracée pour éviter la ferme, et apparemment un dépôt de vieux matériel militaire datant aussi du conflit avec le Tchad. Grosse colère de Christian et protestations véhémentes de Nuori. Du coup, on ira tout de même à la ferme, où l’accueil sera plutôt mitigé...

En effet, c’est l’effervescence, tout est en travaux, un village pour invités de marque est en construction (et nous ne sommes qu’à trois jours de l’éclipse !). Le chef de chantier semble avoir la trouille et demande à ce qu'on gare les véhicules à l'abri des regards. On dirait presque qu’ils bossent parce que nous sommes là, et nous mangeons accompagnés du bruit d’un tracto-pelle en plein boulot. Je discute un peu avec un ouvrier nigérian, il bosse à la ferme, lui. Ah, un petit groupe de touristes a aussi bravé l’interdit… Dur de prendre des photos, les appareils sont surveillés.

Photo volée...

On repart, au grand soulagement de tout le monde, on dirait… Cette situation est inquiétante, car se profile un soucis de taille : n'allons-nous pas être « coincés » au volcan du Namous, où il semblerait qu'il y ait un camp pour l'éclipse ? Dans ce cas le lieu d'observation serait assez mauvais, à une cinquantaine de kilomètres au nord de la ligne de centralité. Pas question de se laisser coincer par les militaires, donc.  On se prépare donc à ruser un peu, quitte à laisser Nuori dans l'ignorance de nos intentions. C'est regrettable, bien sûr, mais la tension est déjà suffisamment grande comme ça, pas la peine d'en ajouter.

On passe devant deux cultures circulaires, des céréales apparemment. Impressionnant à voir, car ça pousse dans un sol vraiment ingrat. Puis, piste vers Al Namous. On s’arrête pour faire une pause et hop : deux « dust devils » se forment devant nous. Très hauts, magnifiques. La piste est maintenant une autoroute et Christian cherche un endroit isolé pour le bivouac. Endroit qu’on trouve après quelques hésitations. Très en hauteur, on verra même aux jumelles dans la nuit un petit convoi de trois voitures. 

Paysage martien

Terrain bizarre, sable et basaltes… J'ai fait le plein de photos, on se croirait sur Mars !